Genre : Essai autobiographique, pour adultes

Résumé : Dans cet ouvrage autobiographique, Michel Leiris se livre par petites touches, comme s'il était allongé sur le divan d'un psychanalyste. Se succèdent ainsi un autoportrait peu flatteur, des souvenirs d'objets de son enfance et de moments vécus, des réflexions sur soi, des récits commentés de certains rêves..., le tout dans une prose travaillée. Souci de se mettre en danger, influence de la culture mythologique et de l'éducation chrétienne, fascination pour le tragique et la mort, dominent l'ensemble de cette confession crue. Michel Leiris cherche, semble-t-il, à savoir qui il est en tentant de comprendre sa sexualité (ou non sexualité, justement), notamment en évoquant les figures féminines de Lucrèce et de Judith, parfois opposés, parfois comparées, mais sans cesse présentes dans son esprit tourmenté.

Structure de l'oeuvre :
« Je viens d'avoir trente-quatre ans » (sorte d'incipit) - Vieillesse et mort - Surnature - L'infini - L'âme - Le sujet et l'objet
TRAGIQUES
ANTIQUITES : Femmes antiques - Femme de preux - Sacrifices - Lupanars et musées - Le génie du foyer - Don Juan et le commandeur
LUCRECE : Mon oncle l'acrobate - Yeux crevés - Fille châtiée - Sainte martyrisée
JUDITH : Carmen - La Glu - Salomé - Electre, Dalila et Floria Tosca - Le Vaisseau fantôme - Narcisse
LA TETE D'HOLOPHERNE : Gorge coupée - Sexe enflammé - Pied blessé, fesse mordue, tête ouverte - Cauchemars - Mon frère ennemi - Mon frère ami - Points de suture
LUCRECE ET JUDITH
AMOURS D'HOLOPHERNE : Kay - Le festin d'Holopherne
LE RADEAU DE LA MEDUSE : « Il y a environ un an et demi » - La femme turban - L'ombilic saignant

A noter que L'âge d'homme est précédé de De la littérature considérée comme une tauromachie, où Michel Leiris compare l'auteur (c'est-à-dire lui-même ! mais parlant de lui à la 3ème personne du singulier) à un torero, les deux prenant un risque considérable voire de mort, pour mener à bien leur travail.

Notre avis : Un grand classique autobiographique qu'il faut avoir lu dans une « carrière littéraire », mais sans doute difficile à lire en intégralité pour des lycéens. A réserver donc à des étudiants. Réflexions par touches successives, s'enchaînant comme lors d'écrits en « écriture automatique » (Michel Leiris rappelle d'ailleurs son ancienne appartenance au mouvement surréaliste), jeux de connivence sur les signifiants (les mots). Travail sur les symboles, images mythologiques, personnages d'opéras, personnages réels à la personnalité romanesque... A rapprocher de Nadja d'André Breton. Quelques thèmes abordés par M. Leiris : la guerre de 14-18, la débauche d'après-guerre, la famille (figure du père et fratrie), la sexualité et ses déboires, l'importance des images (au sens propre comme au sens figuré), les figures féminines meurtrières (notamment Lucrèce et Judith), la lutte du bien contre le mal (et vice versa), le mariage, le dégoût de la maternité, le jazz, la figure du poète... Oeuvre très riche. Phrases longues et complexes, prose très travaillée. Nombreux parallèles à faire entre la littérature et l'art pictural (tant sur le fond que pour la forme).