Le « résumé de texte » ou « contraction de texte » fait partie des exercices traditionnels de travail du texte.

 

Cet article vous donne quelques conseils et un exemple entièrement traité, avec des explications.

Le principe

  • Définition

Le principe du résumé de texte ou contraction de texte est de partir d’un texte initial et d’arriver à un texte différent, rédigé autrement, plus court mais qui en conserve toute la structure ainsi que toutes les idées.

  • Les pièges

Plusieurs pièges existent pour cet exercice.

L’essentiel

Premier piège à éviter : il ne faut pas mutiler le texte. Il faut l’amincir.

 

Cela signifie qu’on conserve son squelette complet et que l’amincissement se fait à tous les niveaux de ses membres. Pas en le privant soudain d’une idée ou d’un paragraphe entier !

La fidélité

Autre piège à éviter : il ne faut pas déformer le texte.

 

Le texte d’arrivée doit exprimer les mêmes idées que le texte initial. Il doit lui être fidèle.

 

Pourtant il faut aussi pouvoir se détacher de ce texte initial pour acquérir une certaine liberté dans l’expression des idées et le choix du vocabulaire.

 

Les mots du texte d’arrivée seront différents de ceux du texte initial.

 

C’est donc un juste équilibre à atteindre.

La brièveté

Autre piège : à force de dire autrement le texte en gardant toutes les idées, on peut se retrouver avec un texte d’arrivée aussi long que le texte initial ! Ce qui n’est évidemment pas le but recherché !

La méthode

  • Identifier le squelette du texte

La première étape incontournable du résumé de texte ou contraction de texte est un travail de lecture et d’analyse pour identifier le squelette du texte, c’est-à-dire les idées et les développements qui le constituent.

 

C’est évident : si on ne comprend pas ce que dit le texte, on ne peut pas le résumer.

 

Pour comprendre le texte, le mieux est de travailler pas à pas, paragraphe après paragraphe.

 

Il s’agit de repérer les idées.

 

À cette fin, la présentation du texte et les liens logiques peuvent être utiles.

Présentation et mouvements

Si le texte est bien rédigé, l’auteur a veillé à respecter une certaine présentation en allant à la ligne et/ou en sautant des lignes à chaque fois qu’il exprime une nouvelle idée ou qu’il aborde un autre point.

 

On peut donc se servir de cette présentation pour repérer la structure du texte.

 

Ces paragraphes forment les mouvements du texte.

 

Autrement dit, s’il y a cinq paragraphes dans le texte initial, c’est peut-être le signe que ce texte défend cinq idées. Ce n’est pas certain mais c’est un bon indice.

 

En toute logique, il y aura alors cinq paragraphes également dans votre texte d’arrivée.

 

Toutefois, attention… parfois les idées sont séparées de leur développement !

Liens logiques, idées et développements

Une idée est une thèse, un avis, une opinion émise par l’auteur. C’est une affirmation.

 

Un texte comprend plusieurs idées.

Les ajouts d’idées

Ces idées peuvent s’ajouter les unes aux autres. Elles s’additionnent, se cumulent et chacune d’elles, bien sûr, sera à identifier dans le texte initial et à reprendre dans le texte d’arrivée.

 

Des mots servent à faire du lien entre ces ajouts. Ce sont des mots qui expriment le lien logique de l’ajout.

 

Citons par exemple les mots suivants : De plus / En outre / Par ailleurs / D’autre part / De surcroît…

 

Tous ces mots permettent d’annoncer un ajout donc une nouvelle idée.

 

Leur présence est à remarquer : entourez-les. Ils signalent une nouvelle idée.

 

Avec ces mots, le squelette du texte sera donc plus facile à identifier.

Les nuances d’idées

Les idées peuvent s’opposer ou du moins se nuancer.

 

Là encore, l’auteur du texte veille souvent à annoncer cette nuance par des mots qui expriment un lien logique, cette fois d’opposition.

 

Citons par exemple les mots : En revanche / Toutefois / Cependant / Pourtant…

 

Ces mots fonctionnent comme des indices : ils annoncent une nouvelle idée. Entourez-les.

 

Là encore, les mots exprimant des nuances d’idées aident à repérer les différentes idées.

Les développements

Le mot « En effet » permet de faire le lien entre une idée et son développement.

 

Derrière ce mot, l’auteur reprend l’idée qu’il a énoncée mais l’exprime avec d’autres mots, la développe de façon plus précise et parfois l’illustre d’exemples.

 

Par conséquent, le « En effet » en début de paragraphe n’annonce pas une nouvelle idée.

Les exemples

Les exemples sont souvent signalés par « Par exemple / Prenons pour exemple ».

 

Ils se repèrent aussi par leur caractère trop précis, anecdotique.

 

Les exemples a priori n’ont pas leur place dans un résumé car ils viennent en plus, en supplément par rapport aux idées.

 

Le principe de la contraction de texte est de se concentrer sur l’essentiel. Les exemples paraissent superflus. Donc on les enlève.

  • Concrètement

Concrètement, il faut dans un premier temps repérer les phrases qui semblent essentielles, c’est-à-dire qui expriment des idées et non des exemples ou du développement, en s’aidant de la présentation et des liens logiques.

 

Puis il faut réécrire, avec d’autres mots, chaque idée qu’on a identifiée.

 

Cette réécriture doit être brève et simple, la plus brève possible mais naturelle.

 

On garde l’énonciation : si l’auteur dit « il », on dit « il ». Si l’auteur dit « je », on dit « je ».

 

Un conseil : ne vous occupez pas, pour l’instant, de compter les mots. Cela se fait dans les dernières étapes, pas au début !

Exemple traité

Nous prenons ici un texte littéraire très célèbre, écrit par Victor Hugo : la Préface du recueil Les Contemplations.

 

Bien sûr, le style d’écriture du texte final ne sera pas celui de Victor Hugo. Pourtant on s’efforcera de garder quand même, en plus des idées exprimées, quelques traces de la fougue stylistique du grand écrivain.

  • Voici le premier paragraphe de cette préface

Si un auteur pouvait avoir quelque droit d’influer sur la disposition d’esprit des lecteurs qui ouvrent son livre, l’auteur des Contemplations se bornerait à dire ceci : Ce livre doit être lu comme on lirait le livre d’un mort.

Analyse de ce premier paragraphe

D’abord une remarque : Victor Hugo parle de lui à la troisième personne et se désigne comme « l’auteur des Contemplations ». On garde cette énonciation à la troisième personne.

 

Dans ce paragraphe, quelle idée défend Victor Hugo ? Il affirme que, s’il peut se permettre d’influencer le lecteur avant sa lecture, il ne lui dirait qu’une seule chose : « Ce livre doit être lu comme on lirait le livre d’un mort. »

 

La question qu’on peut se poser est : faut-il garder cette formule ? Victor Hugo a l’air vraiment d’y tenir. Ça paraît donc important de la garder, du moins l’expression « livre d’un mort ».

Proposition de reprise de ce premier paragraphe

L’auteur ne se permet de ne faire qu’une remarque au lecteur : celui-ci s’apprête à lire le livre d’un mort.

  • Deuxième paragraphe du texte initial

Vingt-cinq années sont dans ces deux volumes. Grande mortalis ævi spatium. L’auteur a laissé, pour ainsi dire, ce livre se faire en lui. La vie, en filtrant goutte à goutte à travers les événements et les souffrances, l’a déposé dans son cœur. Ceux qui s’y pencheront retrouveront leur propre image dans cette eau profonde et triste, qui s’est lentement amassée là, au fond d’une âme.

Analyse de ce deuxième paragraphe

L’auteur dit qu’il a mis vingt-cinq ans à écrire ce recueil et qu’il est présenté en deux volumes.

 

Il donne une citation en latin. Si vous ne la comprenez pas, ne la conservez pas dans le résumé.

 

L’auteur dit aussi que ce livre s’est fait lentement en lui, que c’est la vie qui a posé ce livre au fond de son cœur. Le champ lexical de la tristesse prouve ces sentiments de tristesse. Hugo précise aussi que les lecteurs retrouveront leur propre image dans cette eau profonde et triste.

Proposition de reprise de ce deuxième paragraphe

Ce livre s’est fait dans le cœur de l’auteur pendant vingt-cinq années, lentement et tristement. En lisant ces deux volumes, les lecteurs se pencheront donc au-dessus d’une âme et y retrouveront leur propre image.

  • Troisième paragraphe du texte initial

Qu’est-ce que les Contemplations ? C’est ce qu’on pourrait appeler, si le mot n’avait quelque prétention, les Mémoires d’une âme.

Analyse de ce troisième paragraphe

Le paragraphe est court mais on peut encore l’abréger. La question initiale est une question rhétorique, c’est-à-dire une fausse question, qui n’est qu’un procédé stylistique. Elle n’a pas lieu d’être dans un résumé.

Proposition de reprise de ce troisième paragraphe.

Ce livre correspond aux Mémoires d’une âme.

  • Quatrième paragraphe du texte initial

Ce sont, en effet, toutes les impressions, tous les souvenirs, toutes les réalités, tous les fantômes vagues, riants ou funèbres, que peut contenir une conscience, revenus et rappelés, rayon à rayon, soupir à soupir, et mêlés dans la même nuée sombre. C’est l’existence humaine sortant de l’énigme du berceau et aboutissant à l’énigme du cercueil ; c’est un esprit qui marche de lueur en lueur en laissant derrière lui la jeunesse, l’amour, l’illusion, le combat, le désespoir, et qui s’arrête éperdu « au bord de l’infini ». Cela commence par un sourire, continue par un sanglot, et finit par un bruit du clairon de l’abîme.

Une destinée est écrite là jour à jour.

Analyse de ce quatrième paragraphe

Le mot « En effet » est un indice. Il indique que ce paragraphe développe l’idée du paragraphe précédent : le fait que le livre soit « les mémoires d’une âme ». On conservera ce « En effet ».

 

On remarque aussi de nombreux effets stylistiques répétés comme « rayon à rayon », « soupir à soupir », « de lueur en lueur ». On pourra les remplacer par « petit à petit ».

 

Ce paragraphe est très imagé. On peut conserver cela mais en mettant mieux en avant l’idée.

Proposition de reprise de ce quatrième paragraphe

Ce sont en effet tous les souvenirs, tout le vécu accumulé au cours d’une existence, petit à petit, de la naissance à la vieillesse, du berceau au cercueil. C’est un esprit qui marche et suit sa destinée.

  • Cinquième paragraphe du texte initial

Est-ce donc la vie d’un homme ? Oui, et la vie des autres hommes aussi. Nul de nous n’a l’honneur d’avoir une vie qui soit à lui. Ma vie est la vôtre, votre vie est la mienne, vous vivez ce que je vis ; la destinée est une. Prenez donc ce miroir, et regardez-vous-y. On se plaint quelquefois des écrivains qui disent moi. Parlez-nous de nous, leur crie-t-on. Hélas ! quand je vous parle de moi, je vous parle de vous. Comment ne le sentez-vous pas ? Ah ! insensé, qui crois que je ne suis pas toi !

Analyse de ce cinquième paragraphe

La question rhétorique sera là encore écartée.

 

On repère que le « vous » apparaît, relayé par le « toi ». Cette présence du lecteur est nouvelle, elle correspond à une nouvelle idée qu’il faut bien conserver.

 

Autre idée nouvelle : l’apparition de reproches qu’on fait parfois « aux écrivains qui disent moi ».

 

On remarque aussi que Victor Hugo ne parle plus de lui à la troisième personne mais s’implique en disant « je ». On garde donc cette marque d’énonciation.

Proposition de reprise de ce cinquième paragraphe

Les vies des humains se ressemblent. Mon vécu est le vôtre et vice versa, par effet de miroir. Quand l’écrivain dit « je », le lecteur croit qu’il n’est pas concerné. Erreur ! Dans ce livre, ne crois pas que je parle de moi. Je parle de toi !

  • Sixième paragraphe du texte initial

Ce livre contient, nous le répétons, autant l’individualité du lecteur que celle de l’auteur. Homo sum. Traverser le tumulte, la rumeur, le rêve, la lutte, le plaisir, le travail, la douleur, le silence ; se reposer dans le sacrifice, et, là, contempler Dieu ; commencer à Foule et finir à Solitude, n’est-ce pas, les proportions individuelles réservées, l’histoire de tous ?

Analyse de ce sixième paragraphe

Le « nous le répétons » indique que l’idée n’est pas nouvelle. C’est un développement de l’idée précédente.

 

Hugo se lance dans une longue énumération et continue à parler du début de la vie et de sa fin, comme au cinquième paragraphe.

Proposition de reprise de ce sixième paragraphe

La vie est pleine de situations et d’émotions variées, avec des débuts agités jusqu’au silence à l’approche de la mort. C’est notre lot commun.

  • Septième et dernier paragraphe

On ne s’étonnera donc pas de voir, nuance à nuance, ces deux volumes s’assombrir pour arriver, cependant, à l’azur d’une vie meilleure. La joie, cette fleur rapide de la jeunesse, s’effeuille page à page dans le tome premier, qui est l’espérance, et disparaît dans le tome second, qui est le deuil. Quel deuil ? Le vrai, l’unique : la mort ; la perte des êtres chers.

Nous venons de le dire, c’est une âme qui se raconte dans ces deux volumes : Autrefois, Aujourd’hui. Un abîme les sépare, le tombeau.

V.H.

Analyse de ce septième paragraphe

Le lien logique « donc » indique une conséquence. On le conserve.

 

Cet indice permet de repérer qu’il s’agit une nouvelle idée résultant de la précédente.

 

Les formules de Victor Hugo sont imagées et très fortes au niveau stylistique. Même si le texte d’arrivée aura son expression propre, il paraît intéressant de conserver quelques mots du texte initial.

Proposition de reprise de ce septième paragraphe

Les deux volumes évoluent donc en direction de la tristesse. Le tome premier évoque la jeunesse et la joie. Le second parle du deuil de ceux qu’on aime. Autrefois et Aujourd’hui sont séparés par un tombeau.

V.H.

  • Amélioration du premier jet

Après ce premier travail, le résumé est donc le suivant :

 

L’auteur ne se permet de ne faire qu’une remarque au lecteur : celui-ci s’apprête à lire le livre d’un mort.

 

Ce livre s’est fait dans le cœur de l’auteur pendant vingt-cinq années, lentement et tristement. En lisant ces deux volumes, les lecteurs se pencheront donc au-dessus d’une âme et y retrouveront leur propre image.

 

Ce livre correspond aux Mémoires d’une âme.

 

Ce sont en effet tous les souvenirs, tout le vécu accumulé au cours d’une existence, petit à petit, de la naissance à la vieillesse, du berceau au cercueil. C’est un esprit qui marche et suit sa destinée.

 

Les vies des humains se ressemblent. Mon vécu est le vôtre et vice versa, par effet de miroir. Quand l’écrivain dit « je », le lecteur croit qu’il n’est pas concerné. Erreur ! Dans ce livre, ne crois pas que je parle de moi. Je parle de toi !

 

La vie est pleine de situations et d’émotions variées, avec des débuts agités jusqu’au silence à l’approche de la mort. C’est notre lot commun.

 

Les deux volumes évoluent donc en direction de la tristesse. Le tome premier évoque la jeunesse et la joie. Le second parle du deuil de ceux qu’on aime. Autrefois et Aujourd’hui sont séparés par un tombeau.

 

V.H.

  • On compte !

Maintenant il s’agit de compter le nombre de mots. Tous les mots sont à prendre en considération, même les petits mots comme « c' » ou « l' ».

 

S’il manque des mots, on reprend le texte initial et on voit quels sont les informations qu’on a mises de côté, pour les réintégrer dans le résumé, paragraphe après paragraphe.

 

La plupart du temps, il y a trop de mots. On veille alors à utiliser des mots plus précis et à changer l’expression pour être plus concis. On peut utiliser parfois des phrases nominales. On peut supprimer des liens logiques, remplacer le « et » par une virgule, etc. La ponctuation ne compte pas, c’est pratique !

  • On adapte !

Autre point important : le travail paragraphe par paragraphe montre des maladresses. Il faut soigner maintenant la cohérence de l’ensemble, éviter les répétitions et rendre le tout plus fluide.

  • Exemple pour un résumé plus court et plus fluide

Ceci est le livre d’un mort.

 

Il s’est fait dans le cœur de l’auteur pendant vingt-cinq années, lentement et tristement. En le lisant, les lecteurs y retrouveront leur propre image.

 

Ce sont les Mémoires d’une âme.

 

Tous les souvenirs y sont, tout le vécu accumulé au cours d’une existence, comme un esprit qui marche et suit sa destinée.

 

Nos vies se ressemblent. Quand l’écrivain dit « je », le lecteur croit qu’il n’est pas concerné. Erreur ! Moi, c’est toi !

 

La vie est remplie, avec des débuts agités jusqu’au silence à l’approche de la mort. C’est notre lot commun.

 

Les deux volumes évoluent dans ce sens. Le premier évoque la jeunesse, la joie. Le second, le deuil de ceux qu’on aime. Autrefois. Aujourd’hui. Séparés par un tombeau !

 

V.H.

 

 

Parution de cet article : 22/05/2021

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