Genre : Roman contemporain, pour adultes très bons lecteurs

Aperçu : Ce « roman » rassemble en vérité trois récits distincts, à savoir trois prospections intérieures de personnages qui n'ont a priori que de maigres liens entre eux : Norah (qui entretient une relation difficile avec son père), Rudy Descas (qui vient de se disputer avec sa femme Fanta) et Khady Demba (jeune veuve sans enfant). Ces personnages se sont seulement croisés ou sont passés par les mêmes lieux en Afrique. Pourtant ils se ressemblent dans leur douloureuse quête d'identité.

Notre avis : Bien. Une écriture très travaillée, avec des circonvolutions intérieures qui ne sont pas sans rappeler celles des grandes figures du Nouveau Roman, notamment Nathalie Sarraute ou Michel Butor. Ici le personnage cherche à découvrir sa propre personnalité, sa propre histoire. Sa pensée en spirale lui permet l'accès à des non-dits, à des mensonges qu'il se tenait à lui-même. Cette démarche s'effectue lentement et dans la souffrance (souffrance morale mais aussi physique, le mal-être s'accompagnant systématiquement d'une dégradation humiliante du corps). Blessures d'enfance, chantages, jalousie, émigration, amour des mères pour leurs enfants, système familial en Afrique... les thèmes abordés paraissent servir seulement de prétextes à l'éloge du courage des femmes face à la cruauté et à l'exploitation des hommes. D'où le titre. Une vision pessimiste du monde dans laquelle seules des métaphores-incarnations animales proposent un maigre espoir. La plume de Marie NDiaye accompagne parfaitement cette douleur lancinante qui traverse tout le roman mais elle témoigne d'une recherche stylistique tellement maniérée qu'elle en devient lassante et rend la lecture difficile. Selon nous, le livre s'adresse donc davantage à une élite littéraire qu'à un grand public.

A noter que ce roman a reçu le prix Goncourt 2009.