Elles sont partout !

 

Dans notre langage courant, dans les textes littéraires, les textes non littéraires, les publicités, les discours politiques, les expressions populaires...

 

Qui ? Les figures de style, bien sûr !

Qu'est-ce qu'une figure de style ?

Une figure de style est un procédé d'écriture qui vise à produire un effet.

 

Concrètement, c'est une façon d'écrire - ou de parler - qui cherche à sortir de l'ordinaire afin de répondre à une intention précise : par exemple faire sourire l'interlocuteur, lui faire comprendre quelque chose avec plus de précision ou bien encore ménager un suspense pour créer chez lui un effet de surprise, etc.

 

Les figures de style qui créent des images

Les figures de style les plus courantes et les plus faciles à utiliser sont celles qui créent des images.

 

Elles font appel à notre imagination, souvent visuelle, et à notre expérience du monde.

Le principe des images est le suivant : on considère un élément de la réalité et on pense à un autre élément.

  • La comparaison

La comparaison est une figure de style qui consiste à comparer deux éléments, c'est-à-dire à les rapprocher en raison de points communs.

 

Le rapprochement s'exprime de façon évidente grâce à l'emploi d'un mot-outil de comparaison : « comme », « tel », « sembler », « pareil à »...

 

L'élément qu'on considère réellement est le comparé.

 

L'élément qu'on imagine en considérant ce comparé est le comparant.
 

Exemple : « Ce garçon est rapide comme un guépard. ».

Cela signifie que le garçon est très rapide. Celui qui s'exprime pense à un guépard car le guépard est un animal qui court très vite. Peut-être la façon de courir du garçon rappelle aussi le guépard dans son élégance, son aspect félin. Une comparaison entre le garçon, rapide, et le guépard, rapide aussi, est en tout cas établie. Dans cet exemple, le garçon est le « comparé ». Le guépard est le « comparant ». L'outil de comparaison est « comme ». Le point commun est la rapidité.

  • La métaphore

Comme la comparaison, la métaphore rapproche deux éléments.

 

Cependant, contrairement à la comparaison, la métaphore fait appel à aucun mot-outil pour exprimer ce rapprochement.

 

On parle donc non pas de comparaison, même si le principe est très proche, mais d'assimilation.

 

Un élément est assimilé à un autre. Notons au passage que la métaphore est souvent plus frappante que la comparaison.
 

Exemple : «  Ma parole, ce garçon est un vrai guépard ! »
En voyant le garçon courir aussi vite, le locuteur pense tout de suite à un guépard, lui aussi très rapide. Pourtant la comparaison n'est pas explicitement indiquée. On assimile les deux éléments : le garçon et le guépard. C'est donc bien une métaphore. Le garçon est le « comparé ». Le guépard est le « comparant ». Le point commun est la rapidité. Il n'y a pas d'outil de comparaison.

  • La personnification

La personnification est un cas particulier de métaphore.

 

C'est la représentation d'une chose ou d'un animal sous une forme humaine.

 

Celui qui s'exprime attribue des caractéristiques humaines à une entité non humaine. Il la personnifie.
 

Exemple : « Le temps a laissé son manteau / De vent, de froidure et de pluie » (Le Printemps – Charles d'Orléans, XVe siècle)
Ici on parle du temps comme d'une personne qui peut porter un manteau. C'est une personnification du temps.

 

Autres figures de style

Les figures de style sont très nombreuses. Il est difficile de toutes les mentionner !

 

Vous trouverez ci-dessous celles qu'on rencontre le plus fréquemment dans les textes littéraires.

  • L'anaphore

L'anaphone est une figure de style qui consiste à répéter un mot ou un groupe de mots en tête de phrase, de vers, de strophe, de chapitre...

 

Elle permet d'insister sur ce mot ou groupe de mots et de le mettre en valeur.

 

Exemple : "Ce bras qu'avec respect toute l'Espagne admire, / Ce bras qui tant de fois a sauvé cet empire..." (Le Cid – Corneille, XVIIe siècle)
La répétition de « Ce bras » en début de deux vers successifs est une anaphore.

 

Cette figure sert à créer une attente chez le lecteur ou spectateur, qui se demande quelle information on va donner sur « Ce bras », qui est ce personnage.

 

Ici l'anaphore sert aussi à donner de la majesté aux propos tenus.

  • L'énumération

La figure de style de l'énumération est appelée également accumulation : il s'agit de créer un effet de liste.

 

Concrètement, les mots sont juxtaposés, séparés par des virgules.

 

L'énumération accélère le rythme du récit, crée parfois du suspense ou souligne l'abondance.
 

Exemple : "Adieu veaux, vaches, cochons, couvées." (Fables - La Fontaine, XVIIe siècle)
Le groupe de mots « veaux, vaches, cochons, couvées » est une suite qui crée un effet de liste. Cette énumération insiste sur la grande quantité de choses auxquelles il faut désormais dire « adieu ».

  • Le parallèlisme de construction

C'est la répétition de la même construction dans deux phrases ou deux propositions.

 

Exemple : « (...) cria-t-elle en lui jetant une pierre ; (...) hurla-t-il en se précipitant vers lui. »
La structure de la phrase est semblable dans les deux propositions.

Les verbes « crier » et « hurler », l'ordre des mots avec le verbe en premier et le sujet ensuite, la présence des gérondifs « en jetant » et « en se précipitant », tous ces éléments indiquent que les propositions sont construites de la même manière.

Il y a donc un parallélisme de construction.

  • La métonymie

La métonymie est une métaphore particulière.

 

Elle consiste à nommer une partie de quelque chose pour désigner en fait cette chose en entier.
 

Exemple : « les voiles au loin descendant vers Harfleur » (Demain dès l'aube... – Victor Hugo, XIXe siècle)
Ici « les voiles » désignent les bateaux. Une partie du bateau désigne donc le bateau dans son ensemble.
 

Autre exemple : « Boire un verre ».
Bien sûr, personne ne boit un verre ! On boit la boisson contenue dans ce verre.

  • L'allégorie

L'allégorie est la représentation concrète d'une idée, d'une notion abstraite.

 

On a recours à un être vivant, à un personnage ou à une chose pour représenter une idée.
 

Exemple : l'idée de la mort est souvent représentée de façon concrète par un squelette armé d'une faux.

Ce squelette armé d'une faux sera alors désigné comme étant « une allégorie de la mort ».

  • L'oxymore

Une oxymore est le rapprochement de deux termes ou notions antithétiques, c'est-à-dire opposés.

 

Ce qui surprend, c'est la présence de ces deux éléments dans un même ensemble dans la phrase. Ils peuvent ainsi être présents dans un même groupe nominal voire dans un même mot.

 

Remarque : on parle d'une oxymore ou d'un oxymoron.
 

Exemple : « le noir soleil de la mélancolie »
Il est surprenant et même illogique d'associer l'adjectif « noir », qui implique l'obscurité, au nom « soleil » qui évoque la lumière. Étant donné que l'obscurité et la lumière s'opposent, l'association « noir soleil » est une oxymore.

Autre exemple ; « un mort-vivant »
L'association de mort et de vie étant impossible, le mot « mort-vivant » est fondé sur une oxymore.

  • L'antithèse

L'antithèse est constituée d'idées qui s'opposent.

 

Contrairement à l'oxymore, elle ne les associe pas dans un même ensemble.

 

Exemple : « Ver de terre amoureux d'une étoile » (Victor Hugo, XIXe siècle).
Un ver de terre vit sous la terre, tout en bas, alors qu'une étoile se situe dans le ciel, tout en haut. Le ver de terre et l'étoile vivent donc dans deux univers différents. Il s'agit d'une antithèse.

  • Le chiasme

Le chiasme est une figure de style qui consiste à croiser sur deux vers successifs les éléments qui débutent et qui terminent ces deux vers.

 

Ainsi l'élément qui débute le premier vers annonce l'élément qui ferme le deuxième vers.

 

De même, l'élément qui termine le premier vers rappelle l'élément qui commence le deuxième vers. La figure crée une croix.

 

Exemple : « Et l'on voit de la flamme aux yeux des jeunes gens
Mais dans l'oeil du vieillard on voit de la lumière. »
(Victor Hugo, XIXe siècle)
Le premier vers débute par la « flamme », évoquant la luminosité. Cette idée est reprise ensuite en fin de deuxième vers avec le mot « lumière », qui évoque aussi la luminosité.
Le premier vers se termine par les « yeux des jeunes gens » qui évoquent le regard et la jeunesse. Cette idée est reprise ensuite par le regard encore, dans « l'oeil », et la notion opposée à la jeunesse, la vieillesse, dans le deuxième vers. Sur ces deux vers, on peut donc tracer une sorte de croix pour relier « on voit de la flamme » à « on voit de la lumière » et « aux yeux des jeunes gens » à « dans l'oeil du vieillard ». Cette figure de style se présente sous forme de croix. Elle s'appelle un chiasme.

  • L'antiphrase

L'antiphrase est une figure de style qui consiste à dire le strict contraire de ce qu'on pense.

 

A noter que l'ironie se base souvent sur l'antiphrase.

 

Il s'agit de faire rire l'interlocuteur.
 

Exemple : « Ah, quel beau temps ! », alors qu'il pleut, pour signifier « Ah ! Quel temps exécrable ! ».

  • L'hyperbole

L'hyperbole est une façon de s'exprimer très exagérée et même irréaliste.
 

Exemple : « J'étais mort de rire ! »
Si on avait été vraiment mort de rire, on ne serait plus là pour le raconter !

L'expression « mort de rire » est donc bien une exagération irréaliste. C'est une hyperbole.

  • L'euphémisme

L'euphémisme correspond au choix d'un terme plus faible que celui qu'on devrait normalement employer.

 

Souvent le but est de ne pas choquer l'interlocuteur, de préserver sa sensibilité.
 

Exemple : "Il nous a quittés" pour dire "Il est mort".

Autre exemple : "Les non-voyants" pour désigner "les aveugles".

  • La litote

Comme pour l'euphémisme, on emploie un mot moins fort que celui qu'on devrait employer.

 

Le but de la litote est de faire comprendre qu'on pourrait en dire beaucoup plus.
 

Exemple : « Cette robe n'est pas trop vilaine... » pour dire « Cette robe est vraiment très belle ; elle est superbe ! ».

  • La périphrase

La périphrase est un ensemble de mots qu'on utilise pour parler d'une notion qu'on pourrait désigner de manière beaucoup plus simple ou plus rapide.

 

Par cette astuce, on évite de dire un mot précis.

 

Ce peut être par tact, par peur ou bien pour éviter la lourdeur stylistique d'une répétition.

 

Exemple : « Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom » pour désigner « Voldemort » dans la série Harry Potter.

Autre exemple : « J'ai rendez-vous avec l'objet de mes voeux les plus chers » pour dire « J'ai rendez-vous avec ma fiancée ».

 

 

Dernière relecture de cet article : 28/04/2021
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